Mercredi 18 Juillet 2018

Goldman Sachs ouvre une nouvelle ère à Wall Street

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Le départ chez Goldman Sachs de Lloyd Blankfein, un des banquiers les plus puissants du monde, confirme l'avènement d'une nouvelle ère à Wall Street, où la perte d'influence des traders est accélérée par l'explosion de la technologie et l'adoption des robots jusque dans les salles de marché.

A quelques semaines du dixième anniversaire de la banqueroute de Lehman Brothers, qui a conduit à la plus grave crise financière depuis la Grande dépression, Goldman Sachs a confirmé mardi que M. Blankfein, 63 ans, allait céder les rênes, douze ans après son arrivée à la tête de l'établissement.

Blankfein s'était distingué, en novembre 2009, en déclarant "je ne suis qu'un banquier faisant le travail de Dieu", en pleine déroute de l'économie mondiale, provoquée par des produits financiers complexes conçus par Wall Street et adossés à des crédits immobiliers toxiques (subprimes) qui avaient été accordés à des ménages américains fragiles.

Ce trader, dont le visage a été utilisé pendant la campagne électorale de 2016 par le candidat républicain Donald Trump dans des spots publicitaires dénonçant les excès des financiers, était l'un des derniers "dinosaures" de la place financière américaine.

"C'est la fin d'une époque dominée par les traders et le début d'une nouvelle ère provoquée par la révolution technologique", résume Richard Bove, expert chez Hilton Capital Management.

Des six grandes banques de Wall Street, Jamie Dimon, le PDG de JPMorgan Chase, reste le seul patron qui était en poste lors de la crise. Chez Citigroup, Vikram Pandit est parti en 2012, Ken Lewis (Bank of America) et John Mack (Morgan Stanley) ont cédé leurs fauteuils respectifs en 2010, tandis que John Stumpf, de Wells Fargo, a été emporté en 2016 par un scandale de comptes bancaires fictifs.

Dans le "nouveau monde" post-courtage, une grande banque doit, selon M. Bove, nouer une relation "étroite" avec les ménages, car "ce sont eux qui épargnent et ce sont eux qui dépensent".

Avant la crise financière, le courtage des produits financiers était la vache à lait des grandes banques, mais les cartes ont été redistribuées suite au durcissement de la règlementation financière, à l'explosion des algorithmes dans la finance et au succès des fonds de placements cotés (ETF) permettant de minimiser les risques et de réduire les coûts.

Les "Fintech", des startups fournissant des services financiers aux particuliers et aux TPE et PME, ont par ailleurs émergé, à l'image de Venmo, une application permettant d'effectuer des virements rapidement et sans frais, ou de Wealthfront, qui rend possible la gestion automatique de son portefeuille d'investissements.

Bousculées, les grandes banques américaines, en bonne santé selon les derniers tests de résistance de la Réserve fédérale (Fed), se sont converties à ces nouvelles technologies et confient de plus en plus de tâches aux robots.

Il est désormais possible de déposer un chèque via son smartphone par exemple. Grâce aux progrès de l'intelligence artificielle, des robots peuvent analyser des données, élaborer des stratégies d'investissement, effectuer des arbitrages et passer des ordres d'achats ou de ventes d'actions, des tâches qui étaient dévolues jusqu'ici aux traders.

Conséquence: environ 30% des emplois dans le secteur bancaire devraient disparaître d'ici 2025 aux Etats-Unis, estime la banque Citigroup.

"Les ordinateurs sont en train de tuer les traders et les analystes financiers", en conclut Richard Bove.

Fort également de ce constat et consciente que le courtage ne rapportera plus autant que par le passé, Goldman Sachs, qui doit fêter l'an prochain ses 150 ans, a décidé de se diversifier et de redorer son image en s'ouvrant au grand public.

La banque des puissants, dont les paris financiers, souvent contre ses propres clients, symbolisent la cupidité des traders, a lancé Marcus, une plateforme virtuelle proposant des prêts et recevant des dépôts de la part des particuliers et des TPE et PME. Elle est en outre en train d'ouvrir des bureaux dans des villes de taille moyenne aux Etats-Unis.

"Goldman Sachs veut repartir sur une page blanche. Elle veut se libérer de ce qu'elle a fait il y a des décennies et montrer qu'elle peut évoluer", avance Marty Mosby, analyste chez Vining Sparks.

AFP.

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