Samedi 09 Mai 2015

Marché boursier : optimisme mesuré

Analyse du Marché Boursier Marocain

 

Avec Total Maroc, Mutandis et Marsa Maroc, la Bourse de Casablanca devrait accueillir au moins trois nouvelles recrues en 2015. De quoi dynamiser un peu plus un marché relativement atone, qui bénéficie pourtant d’un environnement économique favorable. Mais le mal-être du secteur immobilier coté et le retard dans la mise en oeuvre des réformes boursières prévues sont des contraintes avec lesquelles il va falloir composer.

 

Au moment où nous mettions sous presse, la Bourse de Casablanca affichait des performances annuelles de 3,38%, pour le Masi, et 3,88% pour le Madex. Les deux baromètres de la place cédaient respectivement 0,13% (10.000,43 points) et 0,18% (8.198,75 points) à la clôture de la séance du mardi.

Après quatre mois, aucune tendance de fond ne semble se dessiner pour l’instant, tant les incertitudes sont nombreuses. Même au niveau des sociétés de Bourse, il n’y a pas de consensus sur le comportement futur de l’indice général. Quand certaines parient sur une hausse entre 10 et 15% au terme de l’exercice, d’autres tablent sur une évolution de 20% à 11.800 points, en prenant toutefois le soin de souligner que cette cible n’est pas forcément pour 2015. Chez Upline Group, les analystes se veulent encore plus prudents, l’horizon de prévision se limitant au premier semestre. En effet, dans son Guide de l’investisseur 2014, la banque d’affaires prévoit «une poursuite vers les 9.850 points. Sur ce support, nous anticipons un retournement haussier vers les 10.170 points. Si l’indice ne parvient pas à franchir ce niveau à la hausse, nous devrions poursuivre le mouvement de baisse en direction des 9.550 points à fin juin 2015». 

Facteurs favorables

Certains éléments incitent pourtant à rester optimistes et militent, tout au moins, pour une année boursière qui va se terminer en territoire positif. Il y a d’abord les introductions en Bourse. Total Maroc vient, à ce titre, d’annoncer la couleur, la note d’information relative à son introduction en Bourse ayant reçu le visa du Conseil déontologique des valeurs mobilières (voir page 12). La société élargira donc le cercle restreint des entreprises cotées dès le 29 mai courant. Pour sa part, Mutandis aborde la dernière ligne droite concernant son introduction en Bourse. Dans le cadre de cette opération, le fondateur du groupe industriel, Adil Douiri, fera un point avec la presse le lundi 11 mai à Casablanca. 

Et parmi les opérations attendues pour cette année, il y a aussi celle relative à Marsa Maroc. Plusieurs fois reportée, l’introduction en Bourse du leader national de l'exploitation de terminaux portuaires devrait avoir lieu au courant de cet exercice. Et avec trois entreprises qui rejoignent la cote la même année, un fait devenu assez rare pour être souligné, le marché devrait gagner en dynamisme dans un contexte caractérisé par une relative atonie, sur fond de faiblesse des volumes de transactions.

Autre élément qui prête à l’optimiste : la conjoncture économique nationale favorable, avec un bon comportement des principaux agrégats économiques. Ainsi, selon la dernière note de conjoncture de la Direction des études et des prévisions financières, les échanges extérieurs ont enregistré, au terme du premier trimestre 2015, une atténuation du déficit commercial de 33,6% à 33,8 milliards de dirhams, et une amélioration du taux de couverture de 11,6 points à 61%. Par ailleurs, la situation des charges et ressources du Trésor à fin février 2015 fait ressortir un allégement du déficit budgétaire de 5,8 milliards de dirhams à 13,2 milliards de DH. De même, le pouvoir d’achat des ménages aurait été bien orienté au titre des trois premiers mois de l’année, soutenu par l’effet conjugué d’une faible évolution des prix (+1,5% à fin février 2015) et d’une amélioration des revenus. A cela, s’ajoute une production céréalière, au titre de la campagne agricole 2014-2015, qui devrait atteindre le chiffre record de 110 millions de quintaux. Autant d’éléments qui, en tenant compte de la baisse des cours du pétrole, confortent les prévisions de croissance nationale (autour de 5% en 2015) des différents organismes nationaux et internationaux. Mais tout cela suffira-t-il pour autant à maintenir la Bourse sur un trend haussier ?

 

L’immobilier coté, pas top

Malgré la conjonction d’éléments positifs, certains analystes émettent des réserves, eu égard notamment au comportement des valeurs du secteur immobilier coté. «Les difficultés financières que rencontrent certains promoteurs immobiliers, sanctionnées par des plans de restructuration drastiques, ne sont pas de nature à consolider cette hausse timide du marché observée durant ces premiers mois de l’année», précise un analyste de la place pour qui le redressement durable du marché devra forcément être soutenu par une sortie de crise de l’immobilier coté.

En effet, entre la CGI rattrapée par un scandale immobilier et suspendue de la cote, Addoha qui a mis en oeuvre son Plan génération cash (sous-tendu par la réduction des stocks et de la production) auquel ont d’ailleurs adhéré les intervenants du marché, et Alliances qui vient d’élaborer un plan stratégique pour renforcer ses fondamentaux et assainir sa situation financière (www.financenews.press.ma), c’est peu de dire que l’immobilier coté n’est pas au mieux. Seule sort du lot la société Résidences Dar Saâda, épargnée, pour l’instant, par les soubresauts du secteur. Et la situation délicate que traverse ce secteur est, logiquement, transcrite sur le comportement de leurs titres : les valeurs Addoha, Alliances et Résidences Dar Saâda affichaient, à la clôture de la séance de mardi dernier, des performances annuelles respectives de -16,5, -59,7 et -9,4%. «Egalement, la reprise durable du marché reste conditionnée par la mise en oeuvre des réformes boursières préconisées», poursuit notre analyste. Mais pour les réformes, il faudra malheureusement faire preuve de patience, dès lors qu’elles passent par les mains des politiques. Et même à supposer que certaines d’entre elles soient déployées cette année, il faudra du temps pour qu’elles soient intégrées par le marché; ce ne sera donc pas à effet immédiat. Mais l’essentiel est de les mettre en place, d’autant que ces réformes devraient donner un peu plus de tonus et de profondeur à la Bourse de Casablanca, ce qui la rendrait plus attractive pour les investisseurs nationaux et internationaux.

 

En attendant, il faut se contenter d’y croire. Et espérer d’autres introductions en Bourse. Faute de quoi, cette année boursière risque de nous réserver des surprises.

 

David Wiliam, Finances News Hebdo

 

 

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