Dimanche 22 Mars 2020

Secteur bancaire : BAM prépare une nouvelle vague de mesures d'assouplissement

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Bank Al-Maghrib veut lancer le refinancement des crédits aux TPME affectées par le Covid-19. 

La banque centrale rassure sur la liquidité du système bancaire.

Elle veut se montrer flexible sur la restructuration des créances en souffrance. 

 

Le coronavirus a plongé les marchés financiers du monde entier dans un océan d'incertitudes, et les banques centrales sont appelées en urgence pour soutenir aussi bien l'économie réelle que la liquidité des marchés qui, par moments, et sur certaines classes d'actifs, montre des signaux inquiétants d'assèchement.

Au Maroc, la dernière réunion de politique monétaire s'est soldée par une baisse du taux directeur de 25 pbs pour être fixé à 2%, un plus bas historique. La réaction immédiate de la Bourse a été de décrocher les minutes qui ont suivi l'annonce, comme pour signaler la non satisfaction des investisseurs. Un peu plus tard, le Wali de Bank Al-Maghrib a tenu une visioconférence où il a rassuré sur la flexibilité de la banque centrale qui n'exclut pas de prendre de nouvelles mesures si besoin sans même attendre la prochaine réunion du Conseil prévue en juin.

Si les investisseurs semblent rassurés sur ce point, il en reste d'autres comme la liquidité du secteur bancaire et sa résilience face à cette situation inédite, ou encore le choc sans précédent que traverse le marché boursier et qui met à mal la rémunération de l'épargne à long terme. Sur ces points, la banque centrale a accepté de répondre à nos questions après la tenue de son conseil trimestriel. Bank Al-Maghrib y met en avant son entière disposition à accompagner le système bancaire et sa flexibilité face à cette situation "particulière"

 


Vers le refinancement des crédits aux TPME affectées par le Covid-19

Questionnée sur une éventuelle crise de liquidité chez les banques et leur résilience, la banque centrale nous assure que le secteur dispose de matelas d’actifs liquides confortables. "Les banques observent un ratio prudentiel de liquidité qui vise à leur permettre de faire face à court terme à des épisodes de tension ou de chocs. Ce ratio se situe à un niveau confortable de 152% en moyenne à fin janvier pour un minimum réglementaire de 100%". Et d'ajouter que  Bank Al-Maghrib "apportera au système bancaire les liquidités nécessaires pour répondre à l’intégralité de ses besoins"

 

A cet effet, Bank Al-Maghrib nous précise qu'"elle injecte l’intégralité des montants demandés par les banques" et que la Banque poursuivra aussi le programme de refinancement des prêts bancaires aux TPME

 

Elle nous annonce enfin qu'elle finalise aussi avec les banques la mise en place d’un programme de refinancement pour les crédits de soutien qui seront octroyés par les banques aux TPME affectées par la crise sanitaire du Covid-19". 


Restructuration des créances en souffrance : Bank Al-Maghrib veut se montrer flexible 

Le comité de veille économique chargé de mettre en place la riposte économique et financière contre le Covid-19 a décidé la mise en place d’un moratoire pour le remboursement des crédits bancaires au profit des entreprises. A cela, s'ajoute la certitude d'une montée en flèche des créances en souffrance dans le contexte actuel. 

 

Interrogée sur les impacts de ces mesures sur les comptes des banques, la banque centrale nous dit que "sur le plan prudentiel, les dispositions actuellement en vigueur laissent la latitude aux banques d’opérer un moratoire sans pour autant exiger le déclassement en souffrance des créances concernées

 

Aussi, "la restructuration d’une créance pour difficulté financière, en particulier lorsqu’il ne s’agit pas de la 1ère restructuration est un critère d’inscription de la contrepartie dans la watch list et sa couverture par une provision à caractère général".


Cela dit, "au vu du caractère temporaire attendu des difficultés des entreprises, les banques pourront surseoir à la constitution de la provision à caractère général y afférente au titre de fin juin en attendant une mise au point à fin 2020". ``

 

"De façon générale, Bank Al-Maghrib continuera de suivre de près la situation et fera preuve de la plus grande flexibilité qu’exigera cette situation particulière".
 


Lire auss : EXCLUSIF. Covid-19 : Les fonctions Risques des banques marocaines sur le pied de guerre



 
Le comité des risques systémiques surveille de près la situation sur le marché des capitaux 


Questionné sur les tempête qui touche actuellement le marché des capitaux, Bank Al-Maghrib dit suivre, avec les autres régulateurs du secteur financier, la situation de très près : 

 

"Les récentes évolutions préoccupantes de la pandémie du Covid-19 ont, certes, des répercussions sur l’activité économique et sur le niveau de fluctuation des marchés financiers tant au plan mondial que national. Mais déjà, les autorités de régulation nationales coordonnent entre elles les dispositions à mettre en place pour éviter d'en arriver à une crise systémique", rassure la banque centrale. 

"A titre d’illustration, les inquiétudes liées aux dernières évolutions du marché boursier marocain ont fait l’objet de plusieurs échanges, évaluations et concertations entre les membres de ce Comité et ce, préalablement à la décision prise le 16 mars par l’Autorité Marocaine du Marché de Capitaux, de revue à la baisse des seuils de variation maximale applicables aux instruments financiers inscrits à la cote à la Bourse des valeurs de Casablanca".

Et d'ajouter que "les échanges réguliers entre les membres du Comité ou leurs représentants se poursuivront moyennant notamment l’utilisation de visioconférence et/ou conférences téléphoniques. Le Comité va devoir tenir incessamment une réunion exceptionnelle pour faire un point d’étape et analyser, en perspective, les prochaines mesures".

Enfin, Bank Al-Maghrib souligne qu'en tant que membre du Comité de Veille Economique, elle contribue au côté du gouvernement à la mise en place des mesures prioritaires pour faire face à cette situation et prévenir les risques systémiques. La décision prise par ce Comité lors de sa première réunion le 16 mars, de mise en place d’un moratoire pour le remboursement des crédits bancaires au profit des entreprises, et notamment les TPME, en est un exemple visant en particulier la préservation de la santé financière des agents économiques.


A.H

BAM

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