Vendredi 20 Mai 2022

Avec la hausse des taux, vers une nouvelle crise de la dette en zone euro ?

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La hausse brutale des taux d'intérêt depuis le début de l'année accroît la pression sur les États largement endettés de la zone euro, même si les conséquences ne sont pas encore visibles dans les comptes publics.
 


C'est une pente raide: depuis le début de l'année, s'endetter coûte de plus en plus cher pour les Etats.

En France, l'augmentation des taux sur l'emprunt à 10 ans - qui fait référence - sur la période de janvier à mi-mai n'a jamais été aussi forte depuis 1994. Cela vaut aussi pour l'emprunt allemand à 10 ans allemand ou espagnol.

En France, le taux était proche de zéro en début d'année mais a bondi, pour atteindre désormais 1,5%. La trajectoire est similaire dans tous les pays européens, Allemagne, Italie, Grèce... Dans ce dernier pays, le taux à 10 ans a même franchi récemment les 3,5%.

Ils risquent de devoir débourser des sommes bien plus conséquentes car, étant très endettés du fait des mesures prises lors de la crise sanitaire, ils souffrent directement de la remontée des taux d'intérêt.

Pour la France, sur l'emprunt à 10 ans, "chaque point de pourcentage de hausse des taux d'intérêt représente à terme un coût annuel supplémentaire de près de 40 milliards d'euros, soit presque le budget actuel de la Défense", a calculé le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau.

Pour que la trajectoire de l'endettement reste soutenable, il faut que "les taux d'intérêt à long terme restent nettement inférieurs à la croissance de long terme", rappellent les analystes de Natixis.

Le problème est plus aigu pour la Grèce que pour la France: Athènes doit composer avec un taux deux fois plus élevé que Paris.

Toutefois à ce stade, globalement, "les taux restent absorbables, nous ne sommes pas arrivés à des niveaux de 10% ou 15%. Il y a une gymnastique et des ajustements à faire, mais c'est gérable", estime Virginie Maisonneuve, directrice de la gestion actions monde d'AllianzGI.

En termes de délais de paiement, le poids des intérêts supplémentaires à payer ne devra être supporté que progressivement dans les budgets des Etats: le remboursement des intérêts, dont les taux sont dans leur majorité fixes, est étalé sur toute la durée de vie de l'emprunt.

Par ailleurs, sur la dette, l'inflation est paradoxalement un atout: les produits et services, devenus plus chers, ont pour effet de doper le Produit intérieur brut ce qui, mécaniquement, fait baisser le poids de la dette par rapport au PIB.

La hausse des taux d'intérêt présente le risque d'un déséquilibre pour la zone euro à partir du moment où certains pays, particulièrement endettés, commencent à inquiéter les investisseurs et les marchés. Avec pour tous, le souvenir encore frais de la crise de la dette qui avait paralysé le continent européen au début de la décennie 2010.

Comme le lait sur le feu, les investisseurs surveillent en permanence le "spread": il s'agit de l'écart entre le taux d'intérêt allemand, perçu comme un roc, et celui des autres pays. Il permet de mesurer la confiance des acteurs de marché dans la capacité des pays à rembourser leurs dettes.

Et parfois, l'écart inquiète: celui entre le taux allemand et son corollaire italien a doublé en un an.

C'est un défi pour la Banque centrale européenne. Car si l'écart s'accroit, la BCE aura plus de mal à mettre en oeuvre une politique monétaire commune qui réponde aux besoins de chaque pays, et toute la cohésion économique de la zone euro sera ainsi remise en cause.

En effet, contrairement aux autres banques centrales, la "BCE est confrontée à plusieurs marchés distincts de dettes d'Etats", rappelle Holger Schmieding, chef économiste de Berenberg.

Peu d'économistes s'attendent toutefois au scénario du pire. Mais au cas où, la présidente de la BCE Christine Lagarde a déjà assuré que l'institution surveillait toute "fragmentation injustifiée" des taux et qu'elle travaillait sur un mécanisme spécial pour la tempérer.

Avec AFP.
 

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