Vendredi 06 Novembre 2020

Elections, stimulus, pandémie: les paradoxes de l'insolente santé de Wall Street

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Son candidat présidentiel favori, Donald Trump, en mauvaise posture, une probable cohabitation qui va réduire les chances d'une relance, une économie fragilisée par la pandémie: tout devrait aller mal pour la Bourse de New York et pourtant elle est à la fête.



Alors que Wall Street craignait plus que tout l'incertitude de résultats électoraux contestés, l'indice Dow Jones est en hausse de presque 7% sur la semaine et le Nasdaq, qui porte les grands noms de la tech, de quasi 9%.

Quels sont donc les paradoxes de la santé pétulante de Wall Street ?

Contrairement à ce que promettait Donald Trump en cas de victoire de son opposant démocrate, jusqu'ici la Bourse ne s'est pas écroulée alors que deux jours après le scrutin Joe Biden semble en pole position pour l'emporter.

"S'il gagne", avait prédit M. Trump lors du dernier débat présidentiel en parlant de Joe Biden, "vos 401k vont aller en enfer !", en référence au nom de l'épargne retraite aux Etats-Unis.

Le candidat républicain, qui n'a cessé de brandir les performances de Wall Street comme un reflet de son succès, promettait un triste sort à ces comptes-retraites, investis en Bourse de quelque 43% des Américains. Depuis son arrivée au pouvoir en 2017, le Dow Jones a grimpé d'un tiers et le Nasdaq a presque doublé.

Avec ses réductions d'impôts pour les entreprises et la dérèglementation, la politique de Donald Trump a été très favorable à Wall Street.

Il était le candidat favori des investisseurs: 54% d'entre eux (contre 42% pour Joe Biden) pensaient que le milliardaire était mieux placé pour favoriser la progression du marché boursier, selon un sondage de Fortune en octobre.

Traditionnellement, la perspective d'un démocrate à la Maison Blanche ne réjouit pas les marchés qui s'attendent alors à une politique sociale plus coûteuse et à des augmentations d'impôts.

Mais pour l'instant, Wall Street ne semble pas s'en inquiéter, poussant d'abord un soupir de soulagement face à la supposition de résultats clairs plus rapidement que redouté.





La Bourse, qui fonctionne dans l'anticipation, accueille donc d'un bon oeil l'arrivée possible de Joe Biden à la Maison Blanche, surtout si son programme est bridé par une cohabitation avec un Sénat qui a toutes les chances de lui rester opposé.

"Cela veut dire qu'on sera dans une impasse politique, ce que le marché voit de manière positive", juge Peter Cardillo, analyste en chef de Spartan Capital.

La première victime en sera la relance économique. Au cours d'interminables et vaines négociations juste avant le scrutin, les démocrates n'ont pas réussi à convaincre les républicains d'adopter leur projet d'aide supplémentaire de 2.200 milliards de dollars aux Américains et aux entreprises pour faire face à l'impact économique du Covid-19.

Si une certaine relance, qui conduit à plus de consommation donc une meilleure économie, serait appréciée à Wall Street, trop de stimulus lui déplaît. A terme, plus de dépenses budgétaires est en effet synonyme de davantage d'impôts pour les financer.

Pour Patrick O'Hare de Briefing.com, dans un tel scénario de blocage politique, "le marché croit que, si l'ancien vice-président Biden l'emporte, il n'y aura pas de changement défavorable de la politique fiscale".

L'absence de "vague bleue" démocrate signifie en effet qu'il sera beaucoup plus difficile pour M. Biden de faire voter ses hausses d'impôts sur les grandes entreprises, les grosses fortunes américaines et sur les gains en Bourse.

Depuis 1944, l'indice S&P 500 est monté de 8,6% annuels lorsqu'un président faisait face à un Congrès divisé, a calculé Sam Stovall, chez CFRA. C'est moins bien que lorsque le président et le Congrès sont du même bord (+10,6%), mais mieux que lorsque le Congrès dans son entier fait bloc contre le gouvernement (+7,4%).





La dichotomie reste frappante entre la santé insolente des indices boursiers et l'impact de l'épidémie de Covid-19 sur la première économie mondiale, avec son lot de licenciements et de faillites.

Les causes d'inquiétudes n'ont pas disparu: la pandémie continue de progresser avec plus de 120.000 cas de contaminations quotidiennes aux Etats-Unis jeudi, l'Europe se confine, la reprise s'essouffle.

Pourtant les investisseurs continuent de favoriser Wall Street. Les capitaux massifs que la Banque centrale américaine (Fed) a versé dans le système financier, ont fait baisser les taux à un plus bas historique. Les investisseurs sont donc encouragés à chercher les rendements ailleurs que sur les obligations, en misant sur des actifs plus risqués comme les actions.

En cas de déconfiture économique, Wall Street reste aussi confiante: quel que soit le futur président, "beaucoup d'argent sera dépensé, que ce soit sous la forme d'une relance économique ou d'investissements dans les infrastructures", assure JJ Kinahan de TD Ameritrade.


 

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