Lundi 04 Mars 2024

Pétrole: plusieurs pays de l'Opep+ prolongent leurs coupes pour doper les cours

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Ryad et Moscou, piliers de l'alliance Opep+ des pays exportateurs de pétrole, ont annoncé dimanche avec d'autres membres prolonger leurs coupes volontaires jusqu'à mi-2024 pour soutenir des cours minés par l'incertitude économique.

L'Arabie saoudite va continuer de sabrer son volume d'un million de barils par jour (bpj) pour la période d'avril à juin, selon son ministère de l'Energie, cité par l'agence de presse officielle saoudienne (SPA).

La Russie a également fait état d'une extension à hauteur de 471.000 bpj, portant à la fois sur la production et les exportations.

Dans les deux cas, ces mesures s'ajoutent à la réduction de 500.000 barils annoncée en avril 2023 et qui court jusqu'à fin 2024.

Ryad compte sur les prix élevés du pétrole pour financer un important programme de diversification économique destinée précisément à sortir le royaume de sa dépendance à l'exportation de brut.

Pour Moscou qui, face aux sanctions occidentales, a réorienté ses exportations en masse vers la Chine et l'Inde, c'est aussi une manne essentielle pour financer son offensive militaire en Ukraine.

Au sein de l'Opep+, d'autres pays leur ont emboîté le pas et vont resserrer les vannes trois mois de plus, comme l'Irak, les Emirats arabes unis, le Koweït et le Kazakhstan.

Cette stratégie coordonnée avait été dévoilée au printemps 2023 pour un total de 1,6 million de barils quotidiens, avant d'être renforcée au cours de l'été.



Dans la perspective de ces prolongations, les prix du pétrole avaient bondi vendredi, le West Texas Intermediate (WTI) américain s'élevant ponctuellement au-delà de 80 dollars, une première depuis novembre.

Le baril de Brent de la mer du Nord était lui parvenu à un sommet en un mois, terminant à 83,55 dollars.

Mais les cours restent loin de leur éphémère envolée à près de 100 dollars fin septembre et surtout des 140 dollars atteints à la suite de l'invasion russe de l'Ukraine.

Pourtant l'alliance ne ménage pas ses efforts: elle garde au total plus de 5 millions de barils par jour sous terre comparé à fin 2022, jouant sur la raréfaction de l'offre pour doper les cours.

L'Opep, qui réunit 13 membres sous la houlette de Ryad, a choisi de nouer en 2016 une alliance avec dix autres pays, dont Moscou, sous la forme d'un accord appelé Opep+, pour répondre aux défis posés par la concurrence américaine.

Objectif: que "les décisions soient prises collectivement ou au moins que le fardeau soit partagé entre un plus grand nombre de personnes", explique Jorge Leon, analyste chez Rystad Energy.

"Tout le monde est censé contribuer. Et personne ne fait cavalier seul", souligne-t-il.

Or depuis près d'un an maintenant, l'Arabie saoudite se passe de l'unanimité des membres devant les divergences.

"C'est un signal clair que la cohésion de l'Opep+ n'est pas très bonne", un "signal d'alarme", estime l'analyste.

Une unité vacillante au point que l'Angola a annoncé en décembre se retirer de l'alliance, justement sur fond de discorde quant à ses quotas, désormais réduite à 22 membres. Le Brésil vient certes de rejoindre le groupe mais en qualité d'"observateur".

La prochaine réunion ministérielle, prévue le 1er juin au siège du cartel à Vienne en Autriche, sera un nouveau test. Lors de ce rendez-vous, l'Opep+ doit fixer son objectif de production pour 2025.

Pour M. Leon, "il faudra que d'autres pays contribuent à des réductions officielles" dans le cadre d'un accord commun, au risque de voir l'alliance chanceler.

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